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Les piqûres de punaises de lit

La situation se déroule dans un charmant immeuble du Marais à Paris. Murielle se réveille intriguée par de petits boutons rouges apparus le long de ses jambes et de ses avant-bras. « Il doit certainement s’agir de piqûres d’araignées. Cela ne ressemble ni à des marques de puces ou de moustiques », observe-t-elle. Le changement des draps et l’usage d’un insecticide sur le matelas devraient suffire.
Le phénomène perdurant, elle décide alors de se rendre chez son médecin généraliste pour un diagnostic. Le constat du professionnel de santé fut sans appel : il s’agit de piqûres de punaises de lit !
Fusse-t-il sans gravité, le trouble disparaîtra dans quelques jours mais il y a surtout urgence à traiter l’invasion dans la chambre à coucher.

Distinguer les piqûres d’insectes, et les piqûres de punaises de lit

En amont d’un traitement efficient, il convient de bien distinguer les piqûres de punaises de lit de celles d’autres insectes. La plupart du temps, au regard de l’activité nocturne de ces
nuisibles, vous ne constaterez qu’au réveil les séries de quatre ou cinq points rouges, très souvent en essaims et alignés, qui caractérisent les ponctions sanguines de l’insecte. Ce constat
est assez symptomatique puisque la punaise a ses petites habitudes alimentaires !
Elle pique successivement sur une zone délimitée. Le long de son chemin, elle poursuit consciencieusement son travail de succion, espacé de plusieurs centimètres. Et ce, pour une
raison évidente : obtenir un débit plus fluide en proscrivant la coagulation sanguine de sa proie.
En quelques heures, ce parcours l’amène à réaliser de 5 à 15 piqûres regroupés. La fréquence des piqûres de chaque punaise est comprise entre 3 et 15 jours consécutifs.

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Piqûres classiques de punaises de lit, boutons regroupés par zones © Parasystem

Egalement appelés Cimex Lectularius, cette catégorie d’arthropodes possède une morphologie sans ailes mais dédiée à éperonner facilement n’importe quelle peau humaine et en aspirer le
sang.
Pourvus de maxillaires et de fines mandibules allongées à la forme cylindrique, ce sont des solénophages : leurs pointes vont traverser les couches successives du derme pour s’enquérir de
vaisseaux sanguins de calibre suffisant.

Les étapes d’une piqûre

La piqûre de punaises de lit peut se détailler plus précisément à travers une série d’étapes que réalise l’insecte. Attiré par la chaleur humaine ainsi que d’autres stimuli complexes, ce dernier choisit une zone d’ancrage sèche et généreuse qui lui semble propice à se nourrir. Une série de griffes va accrocher et pincer la peau afin d’assurer un positionnement optimal des stylets
mandibulaires. Ceux-ci vont alors s’introduire dans les couches superficielles des tissus conjonctifs de la peau. A ce moment précis, toute trace de piqûres est inéluctable. Ce qui dégrade véritablement la partie superficielle de la peau lors d’une piqûre demeure le travail intense de recherche d’une fibre sanguine, et de taille suffisante ! Car les maxillaires indisciplinées de cet arthropode palpent, creusent et fouillent sans relâche. Cette action va engendrer naturellement une réaction inflammatoire inhérente à la nature intrinsèque de la peau.

Pourquoi la peau est marquée par la piqûre de punaise ?

Et au plus les poinçons de la punaise font des mouvements répétés et multidirectionnels au plus l’hématome sera visible sur la peau lors de votre réveil. Lorsque la punaise est repue après avoir pompée de 7 à 13 ml de sang au maximum, elle retire ses stylets crantés, parsemant une nouvelle fois l’environnement cutané d’hémoglobine frais. Cette oeuvre minutieuse, que l’on ne peut observer à l’œil nu, assure une dégradation de la partie concernée.

A l’instar des piqûres d’espèces similaires, l’on pourra observer la plupart du temps assez précisément le point central de la ponction, rouge et très fin, autour duquel s’est formé un halo sanguin plus clair.

Cette tâche à la circonférence diffuse est caractéristique d’une hémorragie locale sans conséquence. Le diamètre de cette hyperpigmentation temporaire de la peau peut mesurer de 5 millimètre à 2 centimètres. L’ensemble, peut parfois s’accompagner d’un effet bosselé selon l’intensité de l’inflammation, ou ne présenter aucun relief significatif.

Et contrairement à une seringue stérilisée, la punaise prélève du sang tout en sécrétant parallèlement diverses protéines salivaires, qui sont inoculées lors des piqûres dans la chair. Non irritante, la salive injectée possède des vertus anesthésiantes, pour éviter que la proie (nous-mêmes) ne se réveille durant son repas.

La réaction de l’organisme humain à la piqûre : boutons et démangeaisons

Par réponse immunitaire, notre organisme réagit de deux manières à ces piqûres :

  • une remontée de globules rouges des vaisseaux jusqu’à la peau, qui, comme nous venons de le décrire, forme visuellement ce que l’on appelle un bouton
  • et une libération de molécules chimiques, reliées aux récepteurs nerveux de la peau, entraînant, selon la sensibilité de chacun, des élans de démangeaisons

Les lésions constitutives des piqûres de ces hétéroptères sont généralement circonscrites aux avant-bras et aux bas des jambes, mais peuvent aussi se constater sur le dos ou les parties du corps dénudées. Une couette ou un drap n’ont aucune incidence puisque les punaises de lit peuvent se loger dans le matelas.
Il est intéressant de noter qu’une étude conduite en 2012 sous l’égide du Professeur Mc Kenzie a démontré une réaction allergique accrue dès lors que le sujet avait déjà été piqué par des punaises de lit précédemment.

Le point de vue « dermatologique »

D’un point de vue dermatologique, « les réactions peuvent être très variables d’une personne à une autre« , observe un médecin à la retraite de Marseille, habitué à ce type de manifestation cutanée. « Certains patients souffrent de démangeaisons plus ou moins importantes alors que d’autres individus, ne s’en plaignent absolument pas lorsqu’on les interroge » poursuit-il.
Dans ce contexte, le fait de gratter mécaniquement engendre une réactivation des terminaisons nerveuses du derme et synthétiser davantage de molécules d’histamine. Ces amines naturelles
libèrent du prurit, un agent responsable… des démangeaisons ! Et comme souvent, cela ne va que surenchérir le phénomène de chatouillement répété. Mieux vaut donc détourner son esprit
de la zone concernée, ou chercher à l’apaiser. Nonobstant des cas sporadiques d’allergies aiguës, soyez rassurez puisque ces inflammations disparaîtront d’elles mêmes en quelques jours sans traitement médicamenteux particulier.

Face aux piqûres, nos défenses immunologiques peuvent être très variables, sans considération d’âge, et indépendamment que l’on soit un homme ou une femme

D’aucuns ne pourront même jamais prétendre avoir été victime de piqûres de punaises de lit, les symptômes n’ayant eu aucune conséquence visible, ni d’incidences désagréables sur eux ! Des études corroborent cette absence de manifestations perceptibles dans environ 10% des cas identifiés.

Quelques crèmes pour apaiser les démangeaisons

Si des sensations d’inconfort venait à apparaître, des traitements topiques sous forme de crème apaisante permettent de les soulager. Sinon, lavez vous comme d’habitude la peau avec du
savon et de l’eau et appliquez éventuellement une lotion à la calamine. Composée d’oxyde de zinc et d’oxyde ferrique, cette dernière est couramment utilisée pour traiter les coups de soleil et l’eczéma. Prompte à calmer les effets de grattage, elle favorise aussi la cicatrisation des piqûres d’insectes. Bien sûr, dans le cas d’une inflammation inhabituelle, nous vous conseillons
de consulter votre médecin traitant ou dermatologue.
Notons que les lésions physiques peuvent indirectement occasionner des troubles du sommeil ou de l’anxiété, voir un isolement social. Outre l’aspect phobique que l’on peut constater chez certaines personnes, les piqûres de punaises créent une émotion de victimisation dû au sentiment de manque d’hygiène ou de salubrité. Bien sûr, il n’en est rien et cette honte n’a pas lieu d’être.

Type de piqûre, localisation… pour ne pas se tromper

Pour les identifier sans risque de se tromper, y compris de la part de professionnels de santé dans les régions peu touchées, l’aspect rectiligne et amalgamé des piqûres semble être le seul moyen fiable. La localisation des piqûres sur le corps peut-être aussi une aide précieuse de second niveau. En auto-diagnostic, il est fort probable que ces piqûres soient confondues avec celles de puces ou de moustiques, tant leurs physionomies sont proches. Cela tient au fait que le comportement et le mode d’alimentation de ces insectes sont quelques peu semblables lors de la ponction sanguine. Toute chose égale par ailleurs, la peau réagit ainsi de manière identique.
Fustigeons enfin une idée reçue : ces hématophages (qui se nourrissent de sang) ne sont pas des vecteurs d’affections. Bien qu’ils puissent être porteur d’agents pathogènes, ils ne transportent pas de maladies entre les êtres humains ou les animaux.

IMPORTANT : Les punaises de lit ne transmettent pas de maladie aux humains via leurs piqûres

Vous le savez désormais, il n’est nul besoin de s’alarmer inutilement si vous constatez au réveil des piqûres de punaises de lit sur votre peau. Vos conditions d’hygiène ne sont nullement en cause et rien n’aurait pu vous prédestiner à en être victime. C’est un fléau qui touche inéluctablement tous les milieux sociaux, y compris les plus favorisés. Si aucune prévention particulière à l’échelle de votre foyer n’est factuellement concevable, votre réaction doit toutefois être immédiate dès lors que vous êtes concernés. Il ne faut pas sous évaluer le potentiel d’expansion rapide auprès du voisinage. Et malheureusement, la problématique ne se résoudra pas d’elle même !
Restez donc serein, mais agissez vite…